En attendant le retour du soleil
Voilà déjà quelques articles que l’on écrit, mais finalement on ne vous parle pas tant que ça de la route en tant que telle. Il faut dire que c’est un peu tout ou rien : soit vraiment difficile, soit vraiment beau et inspirant. Dans les deux cas, c’est assez difficile à (d)écrire.
On l’a un peu dit, la Nouvelle Zélande n’est pas le paradis du vélo : les accotements sont quasi-inexistants, les véhicules roulent vite et se suivent de près (généralement moins de 10m entres véhicules roulant à plus de 100 km/h). Alors souvent, on peste. On râle. On a peur aussi parfois. Bien sûr, on essaye de trouver des routes moins achalandées mais ce n’est pas toujours facile et certaines subtilités de navigation ne nous rendent pas les choses toujours faciles. Explications :
L’art de la navigation
En plaine forêt
Dans la plupart de nos voyages à vélo, nous utilisons l’application OsmAnd qui utilise les ressources d’OpenStreetMap. C’est pratique, simple, efficace et ça fonctionne hors ligne. Mais en Nouvelle Zélande, les exploitations forestières nous rendent les choses un peu plus complexes. Les exploitations forestières sont particulièrement grandes et les routes forestières qui sont privées, sont cartographiées sur OpenStreetMap. En soit, ce n’est pas un problème puisque les itinéraires de notre application ne sont pas supposés emprunter des routes privées ; sauf que voilà, ces routes sont en fait parcourables en voiture, en autant que l’on détient un permis de chasse ou de pêche auprès de la compagnie d’exploitation forestière. Par conséquent, ces routes sont décrites dans OpenStreetMap comme “privées soumises à permis”, au même titre que les routes de centres commerciaux, par exemple. Vous commencez sûrement à comprendre notre calvaire : on fait un itinéraire cyclable entre deux villes et sans que l’on s’en rende compte, on se retrouve avec un itinéraire qui passe par une route forestière que nous n’avons pas le droit de prendre. On fait donc quelques dizaines de kilomètres avant de se retrouver coincés. À ce moment, la frustration est pas mal à son comble. La première fois, on a tout de même opté pour la route forestière et au début, pas de problèmes : la route est tranquille, peu de dénivelés et déserte. Que des avantages, non? Mais rapidement, on entre dans la partie de la forêt actuellement en exploitation et rouler devient très difficile. Un des camionneurs, que l’on croisera plusieurs fois s’arrête : une première fois pour s’enquérir de notre situation, une deuxième fois pour nous proposer de nous prendre à bord.
Depuis, lorsque ce genre d’erreur de navigation nous arrive, on fait demi-tour.
En very high way
Seule option disponible à ce moment : passer par la grande route.
Et la grande route, c’est vraiment la galère. Beaucoup de camions roulant très vite et n’ayant en général pas la place de faire un écart pour nous. Les véhicules passent si près de nous que nous nous sentons aspirés. Le bruit est permanent, le stress est à son maximum et au bout d’à peine quelques kilomètres, on se sent fatigués. Les choses se compliquent encore plus avec la météo car…
Bienvenue dans l’Écosse de l’hémisphère sud
On va pas vous l’cacher plus longtemps, il pleut beaucoup et souvent en Nouvelle Zélande. C’est pas juste décourageant, c’est aussi des problèmes logistiques et des problèmes de sécurité.
En termes de logistique, la pluie nous oblige à prendre plus souvent qu’on le souhaite des camping ou des motels afin de passer du temps au sec et au chaud.
En termes de sécurité : on roule moins vite, on freine plus souvent, on se fait parfois aspergés par les autres véhicules sur la route, de l’eau s’accumule sur l’asphalte, bref, quand il s’agit de propulser et faire naviguer un deux roues de près de 200 kg, les choses sont difficiles. Et quand il s’agit de le ralentir ou de l’arrêter, c’est encore pire.
Mais le jeu en vaut la chandelle
Toutes ces galères de routes s’oublient cependant vite lorsque l’on parvient, souvent grâce à des conseils de locaux ou d’autres voyageurs à vélo, à trouver LA route. La petite route qui parcourt une vallée un peu oubliée dans laquelle le village moyen fait
à peine cinq ou six maisons. Là, on se sent chez nous. Notre tandem prend naturellement sa place sur sa voie, on peut rouler à la vitesse que l’on veut et s’arrêter pour observer le paysage, s’asseoir et relaxer.
Dans ces longues heures de route, loin de la frénésie (auto)routière, on trouve la paix, l’harmonie. Chaque cycle de pédalage nous semble s’insérer dans un grand tout peuplé de cris d’oiseaux, de bruissements de feuilles d’arbres et de bêlements de moutons. Bêêê
En bref
Toutes ces lignes pour vous expliquer qu’on ne trouve pas toujours les mots pour vous décrire notre voyage. Que si on ne parle pas beaucoup de la route que nous faisons, c’est parce qu’elle n’est pas facile à décrire ; qu’il s’y passe plein de choses avec de nombreux rebondissements tout au long d’une journée mais qu’il faudrait être là, avec nous, pour vraiment le voir.
Fanny a un journal de bord plus précis que l’on prendra sûrement la peine de retranscrire, mais en attendant, à défaut de mots, voici quelques images :